Les élèves de 2de 3 participent cette année à un projet d’éducation artistique et culturelle (PEAC) autour des milieux. Ce projet de « classe-dehors » leur permet de visiter régulièrement un milieu différent, et de l’aborder à travers des enseignements de SVT, de géographie et de français.
Leur première sortie de l’année a eu lieu au Museum d’histoire naturelle le 03 octobre. Ils y ont visité l’exposition « Désert et le jardin écologique » sous la houlette d’un doctorant en paléo-botanique.
Prochaine étape : la venue en classe de Silvère Jarrosson, l’artiste invité du Muséum pour l’exposition Désert.
Vendredi 19 septembre, les sorties au théâtre du LIEP ont ouvert leur 8e saison. Au programme, non pas La Mouette mais Une mouette : vingt élèves de la seconde à la Terminale ont pu découvrir cette relecture audacieuse de la pièce de Tchekhov, par la metteure en scène Elsa Granat, dans la salle Richelieu de la Comédie-Française. On a hâte de retourner en salle la semaine prochaine avec le théâtre documentaire et le droit des Affaires familiales, dans Affaires familiales, d’Emilie Rousset, au théâtre de la Bastille !
Dans le cadre de l’enseignement d’Humanités (HLP), les élèves de THLP ont pu lire L’Elimination de Rithy Panh, coécrit avec Christophe Bataille, afin de réfléchir aux différentes formes de la violence au cours de l’histoire récente. Les crimes de masse commis par les Khmers rouges entre 1975 et 1979 ont au départ pris pour cible une élite intellectuelle et urbaine, avant que la machine de mort ne s’emballe, tuant près d’un quart de la population cambodgienne. Témoin et rescapé de ces massacres qui ont décimé une partie de sa famille, Rithy Panh a construit une oeuvre cinématographique majeure autour de cette histoire à la fois singulière et universelle. Le geste artistique et intellectuel de son chef d’oeuvre L’Image Manquante consiste notamment à créer à travers la sculpture de statuettes éphémères des représentations visuelles manquantes, qui permettent à la fois d’imaginer l’inimaginable, de donner une sépulture symbolique aux nombreux défunts qui n’ont pu en recevoir une, et également de se délester un tant soit peu du traumatisme qui peuple jours, nuits et cauchemars des rescapés, réfugiés et exilés cambodgiens. La transmission intergénérationnelle est au coeur de son art et de sa vie : nos élèves sont parfois les enfants de ces exilés qui n’ont pas pu parler ni témoigner ni transmettre l’histoire et la mémoire car ils devaient vivre, contruire et aller de l’avant : il permet aux familles à la fois de se souvenir et de comprendre l’impossibilité du témoignage des premières générations exilées. Vous pouvez voir ici la rencontre précédente avec Rithy Panh qui a permis l’organisation de ce temps fort de l’année, particulièrement intense.
Mardi 25 mars, c’est son dernier film, Rendez-vous avec Pol Pot, sorti en 2024, que les élèves ont pu découvrir lors d’une séance privée au cinéma Le Vincennes. Il y utilise à nouveau la technique très originale des statuettes en terre pour évoquer de manière particulièrement pudique et poétique, le plus effroyable. Mais ce film intègre également au sein du récit de fiction des images d’archives et pose la question essentielle : comment voir la violence, par-delà la propagande ?
Ce récit de fiction est basé sur le récit d’Elisabeth Becker, une des rares journalistes à avoir pu interviewer Pol Pot durant sa dictature : il retrace le parcours de trois observateurs qui appréhendent ce qui leur est donné à voir différemment, selon leur histoire personnelle, leurs convictions, leur formation et leur culture. La reporter, le photo-journaliste et le militant communiste qui a connu les futurs dirigeants khmers rouges pendant ses études à la Sorbonne sont invités à visiter, de manière strictement encadrée, des villages et des coopératives paysannes Potemkine visant à masquer le caractère violent du régime.
La veille, les élèves ont pu visionner au lycée un film documentaire de Claude Lanzmann, Un vivant qui passe, où Maurice Rossel, délégué de la Croix Rouge Internationale est interviewé par Lanzmann plusieurs années après sa visite du ghetto « modèle » de Theresienstadt : face aux mises en scènes nazies, Rossel a-t-il été berné ? Pouvait-il voir ? Voulait-il voir ? Et si le rapport était à refaire ? La réponse de Rossel est vertigineuse : il assure qu’il rédigerait un rapport tout aussi « rose ». Voir et être sur place ne suffisent donc pas pour saisir la violence extrême. Sommes-nous alors nous aussi des témoins aveugles ?
Laura Koeppel qui dirige le cinéma le Vincennes a été assistante à la réalisation de l’incontournable Le Dernier des Injustes auprès de Claude Lanzmann : elle a co-animé la rencontre avec Rithy Panh où la conversation fut particulièrement riche. Merci à elle pour son accueil chaleureux et son expertise et merci à Rithy Panh pour sa générosité, son humanité, son humilité et son humour. La sonnerie de son smartphone laisse claironner le très disco « Stayin’ alive » qu’il souligne malicieusement en rappelant qu’il est bien un survivant…parfois joyeux. Il a exhorté nos élèves à lire Charlotte Delbo qui donne son nom au personnage fictif Lise Delbo, représentant la journaliste Elisabeth Becker, et à être certes philosophes, mais aussi rimbaldiens et rimbaldiennes : c’est bien là l’ambition de l’enseignement des Humanités !
Ce projet, ils l’ont mené en classe depuis décembre en tant que jury lycéen, conviés à délibérer dans un cercle prestigieux présidé par Rachid Benzine et composé d’auteurs, chercheurs, journalistes, acteurs et metteurs en scène. Au fil des semaines, le Prix leur a permis de découvrir une riche sélection de 7 romans autour des thématiques de l’exil, de l’immigration et du génocide au Rwanda. Grâce au Musée National de l’Histoire de l’immigration, ils ont pu rencontrer Elise Goldberg (Tout le monde n’a pas la chance d’aimer la carpe farcie, chez Verdier) et Sergueï Shikalov (Espèces dangereuses, au Seuil).
Le 15 mai, ils ont également pu rencontrer leur lauréate lors de la festive remise de Prix : Caroline Hinault, autrice du très beau Traverser les forêts aux éditions du Rouergue…
Un grand bravo à tous.tes pour leur engagement en tant que lecteurs et jurys !
2 lectures obligatoires en littérature pour la rentrée de septembre :
François-René deChateaubriand, René
Annie Ernaux, Mémoire de fille
2 lectures obligatoires en philosophie pour la rentrée de septembre (au choix selon la bibliographie accessible dans le lien qui suit, ceci n’étant qu’une recommandation) :
Clément Rosset, Loin de moi
Jean-Paul Sartre, L’existentialisme est un humanisme
Pour plus de précision et pour pouvoir choisir à votre guise, suivez ces liens :
Pour préparer la rentrée en 1ère « HLP », nous avons récapitulé la liste des oeuvres au programme, en littérature et en philosophie. Vous la trouverez sur en cliquant sur ce lien.
Que lire cet été ? Deux œuvres choisies parmi celles correspondant au semestre sur la recherche de soi
LA RECHERCHE DE SOI
1) Les expressions de la sensibilité (1 au choix)
Jean-Jacques Rousseau, les Rêveries du promeneur solitaire, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes
Günther Anders, La Haine
Sophie Galabru, Le visage de nos colères (en lice pour le prix lycéen du livre de philosophie 2023 : exposés bienvenus)
2) Les métamorphoses du moi : 1 obligatoire au choix
Claire Marin, Rupture(s) (prix lycéen du livre de philosophie 2020)
Sigmund Freud,Sur le Rêve (avec en regard, côté littérature allemande, la Nouvelle Rêvée – Traumnovelle – d’Arthur Schnitzler adaptée au cinéma par Stanley Kubrick sous le titre incomparable d’Eyes wide Shut)
Clément Rosset, Loin de Moi
Jean-Paul Sartre, L’existentialisme est un humanisme
Que lira-t-on pendant l’année ? Deux œuvres choisies parmi celles correspondant au semestre sur l’humanité en question
L’HUMANITÉ EN QUESTION
2) Histoire et violence
Rithy Panh, L’Élimination, L’image manquante (texte et film)
Claude Lévi-Strauss, Race et Histoire
Immanuel Kant, Idée d’une histoire universelle d’un point de vue cosmopolitique
Günther Anders, La Haine (encore)
3) L’humain et ses limites : 1 au choix
Joëlle Zask, Ecologie et démocratie (en lice pour le prix lycéen du livre de philosophie 2023 : exposés bienvenus )
Hartmut Rosa, Rendre le monde indisponible
Günther Anders, La Haine (eh oui, encore)
Pierre Cassou-Noguès, La bienveillance des machines (en lice pour le prix lycéen du livre de philosophie 2023 : exposés bienvenus, concerne aussi la recherche de soi)
Michel Houellebecq, La possibilité d’une île (littérature dystopique à visée philosophique, parfois très cru)