Cette année, les élèves de T1 et de T2 ont eu la chance et la joie de pouvoir rencontrer le philosophe Socrate…et le sophiste Thrasymaque !
Dans le cadre d’un partenariat avec le Spectacle-Laboratoire, une compagnie de théâtre spécialisée dans la mise en scène de dialogues platoniciens, les élèves ont pu vivre une expérience à la fois théâtrale et philosophique, puisque dans le cadre de l’étude du livre I de la République, au programme de l’écrit car la notion de Justice y est interrogée mais aussi de l’oral, ils ont été amenés à incarner les personnages mis en scène par Platon.
De retour du Pirée, Socrate et Glaucon rencontrent Polémarque, fils du riche Céphale. S’engage alors une discussion sur la justice. Comment la définir ? Grâce aux poètes, comme Simonide ? S’agirait-il de rendre à chacun ce qu’on lui doit ? De rembourser ses dettes ? Ou plutôt de rendre à chacun ce qui lui convient et il s’agirait alors de faire du bien à ses amis et..du mal à ses ennemis…pourtant un homme juste peut-il faire du mal à quiconque ? Et si le vieux Céphale se sent si serein à l’approche de la mort, est-ce bien parce qu’il fut juste et tempérant, ou bien serait-ce lié à sa richesse héritée ? Le sophiste Thrasymaque lance une idée neuve : l’injustice dirige les cités, la société est divisée entre les « justes » qui respectent des lois et ceux qui les gouvernent en profitant de l’obéissance des autres. N’en va-t-il pas de même de l’âme, dirigée par une injustice libre et souveraine ?
Le partenariat s’est déroulé en plusieurs temps :
le texte de Platon a été étudié en classe de novembre à mars, en parallèle du cours, comme oeuvre suivie du programme
en janvier, des élèves ont pu participer à des ateliers de pratique théâtrale au théâtre de l’Opprimé à Paris, dans le cadre d’une Carte Blanche d’une semaine, où des élèves ont pu également assister à des présentations de deux dialogues : Euthyphron (sur la piété et la justice) et Hippias mineur (sur le mensonge et le juste), ainsi qu’à une conférence philosophique donnée par leure professeure de philosophie. Pour plus de précision, voir ici : https://www.theatredelopprime.com/d-tails-et-inscription/festival-carte-blanche-1
le 19 mars, deux sessions d’atelier ont été organisées au LIEP, animées par deux comédiens, Hugues Badet et Thomas Vincent. Hugues Badet est également professeur d’art dramatique au conservatoire de Paris-Centre.
enfin, dans le cadre du festival des Dionysies organisé par l’Université de la Sorbonne, une présentation du livre I de la République de Platon a été donnée au théâtre du lycée Jacques-Decour à Paris le 5 avril ; ce dialogue a été mis en scène par Hugues Badet, Philippe Cotten et Stéphane Poliakov. Pour les détails : https://dionysies.sorbonne-universite.fr/?page_id=22
Du 3 au 7 mars 2025, les élèves de la section Bachibac ont participé à un voyage scolaire dans le Pays basque espagnol, avec un hébergement dans la région de Bilbao. Ce séjour s’inscrivait dans le cadre du programme franco-espagnol et visait à renforcer les compétences linguistiques, à découvrir le patrimoine local et à favoriser les échanges culturels.
Au cours de la semaine, les élèves ont visité les villes de San Sebastián et Bilbao, avec un accent particulier mis sur la découverte urbaine et culturelle. La visite du musée Guggenheim de Bilbao leur a permis d’approcher l’art contemporain dans un cadre architectural unique.
Le programme a également inclus une excursion sur le site naturel et historique de San Juan de Gaztelugatxe, ainsi qu’une initiation au surf sur la plage de Sopelana, rendue possible grâce à une météo particulièrement clémente. Les élèves ont également découvert une spécialité sportive locale en s’initiant à la cesta punta, une forme spectaculaire de pelote basque.
Ce séjour a permis de conjuguer apprentissages, activités sportives et ouverture culturelle, dans un esprit collectif et bienveillant. Il a également constitué un temps fort dans la vie de la section Bachibac, en contribuant à renforcer la cohésion du groupe et la curiosité des élèves pour la culture hispanique.
Dix élèves de première Bachibac ont participé à un échange d’un mois chez leurs correspondants de la Prepa 3 (UNAM) à Mexico : ¡Fue una experiencia Inolvidable!
Projet : ¡Qué onda México!- Bonjour Paris !
Lundi 26 Mai 2025, les élèves ont présenté les résultats de leur projet audio autour des sons et impressions de Mexico, en présence de M. Rodrigo Díaz, directeur de l’Université de Mexico à Paris (UNAM).
Dans le cadre de l’enseignement d’Humanités (HLP), les élèves de THLP ont pu lire L’Elimination de Rithy Panh, coécrit avec Christophe Bataille, afin de réfléchir aux différentes formes de la violence au cours de l’histoire récente. Les crimes de masse commis par les Khmers rouges entre 1975 et 1979 ont au départ pris pour cible une élite intellectuelle et urbaine, avant que la machine de mort ne s’emballe, tuant près d’un quart de la population cambodgienne. Témoin et rescapé de ces massacres qui ont décimé une partie de sa famille, Rithy Panh a construit une oeuvre cinématographique majeure autour de cette histoire à la fois singulière et universelle. Le geste artistique et intellectuel de son chef d’oeuvre L’Image Manquante consiste notamment à créer à travers la sculpture de statuettes éphémères des représentations visuelles manquantes, qui permettent à la fois d’imaginer l’inimaginable, de donner une sépulture symbolique aux nombreux défunts qui n’ont pu en recevoir une, et également de se délester un tant soit peu du traumatisme qui peuple jours, nuits et cauchemars des rescapés, réfugiés et exilés cambodgiens. La transmission intergénérationnelle est au coeur de son art et de sa vie : nos élèves sont parfois les enfants de ces exilés qui n’ont pas pu parler ni témoigner ni transmettre l’histoire et la mémoire car ils devaient vivre, contruire et aller de l’avant : il permet aux familles à la fois de se souvenir et de comprendre l’impossibilité du témoignage des premières générations exilées. Vous pouvez voir ici la rencontre précédente avec Rithy Panh qui a permis l’organisation de ce temps fort de l’année, particulièrement intense.
Mardi 25 mars, c’est son dernier film, Rendez-vous avec Pol Pot, sorti en 2024, que les élèves ont pu découvrir lors d’une séance privée au cinéma Le Vincennes. Il y utilise à nouveau la technique très originale des statuettes en terre pour évoquer de manière particulièrement pudique et poétique, le plus effroyable. Mais ce film intègre également au sein du récit de fiction des images d’archives et pose la question essentielle : comment voir la violence, par-delà la propagande ?
Ce récit de fiction est basé sur le récit d’Elisabeth Becker, une des rares journalistes à avoir pu interviewer Pol Pot durant sa dictature : il retrace le parcours de trois observateurs qui appréhendent ce qui leur est donné à voir différemment, selon leur histoire personnelle, leurs convictions, leur formation et leur culture. La reporter, le photo-journaliste et le militant communiste qui a connu les futurs dirigeants khmers rouges pendant ses études à la Sorbonne sont invités à visiter, de manière strictement encadrée, des villages et des coopératives paysannes Potemkine visant à masquer le caractère violent du régime.
La veille, les élèves ont pu visionner au lycée un film documentaire de Claude Lanzmann, Un vivant qui passe, où Maurice Rossel, délégué de la Croix Rouge Internationale est interviewé par Lanzmann plusieurs années après sa visite du ghetto « modèle » de Theresienstadt : face aux mises en scènes nazies, Rossel a-t-il été berné ? Pouvait-il voir ? Voulait-il voir ? Et si le rapport était à refaire ? La réponse de Rossel est vertigineuse : il assure qu’il rédigerait un rapport tout aussi « rose ». Voir et être sur place ne suffisent donc pas pour saisir la violence extrême. Sommes-nous alors nous aussi des témoins aveugles ?
Laura Koeppel qui dirige le cinéma le Vincennes a été assistante à la réalisation de l’incontournable Le Dernier des Injustes auprès de Claude Lanzmann : elle a co-animé la rencontre avec Rithy Panh où la conversation fut particulièrement riche. Merci à elle pour son accueil chaleureux et son expertise et merci à Rithy Panh pour sa générosité, son humanité, son humilité et son humour. La sonnerie de son smartphone laisse claironner le très disco « Stayin’ alive » qu’il souligne malicieusement en rappelant qu’il est bien un survivant…parfois joyeux. Il a exhorté nos élèves à lire Charlotte Delbo qui donne son nom au personnage fictif Lise Delbo, représentant la journaliste Elisabeth Becker, et à être certes philosophes, mais aussi rimbaldiens et rimbaldiennes : c’est bien là l’ambition de l’enseignement des Humanités !